Les Achats stratèges passent par l’innovation

Un échange avec Jean-Philippe Denis sur les nouveaux rôles des Achats dans les organisations, les nouveaux profils et leurs impacts sur la performance des organisations mais aussi des écosystèmes.

Une nouvelle facette de l’Open Innovation par les acheteurs. Des insights provenant de deux grands groupes et de leurs services Achats-Innovation. Ces éléments sont tirés d’une pratique de terrain de 7 ans mais aussi d’une prise de recul par la recherche.

Ils ont faits l’objet de 2 publications dans la Revue Française de Gestion :

L’achat-innovation, un acteur d’interface d’Open Innovation
Sihem Ben Mahmoud-Jouini, Romaric Servajean-Hilst, Agathe Gilain et Anne Dumas
Rev. Fr. Gest. 45, 282 (2019)

Communautés, paysages de pratique et identité professionnelle des managers hybrides — Le cas de l’acheteur-innovation
Sihem Ben Mahmoud-Jouini, Aurore Haas, Benjamin Lehiany et Romaric Servajean-Hilst
Rev. Fr. Gest. 46, 287 (2020)

Les Achats peuvent être la clef pour des partenariats réussis avec les start-ups

Les Acheteurs se trouvent de plus en plus confrontés à la nécessité d’aller au-delà des classiques, à aller chercher des nouvelles opportunités au-delà de leur panel, de leurs marchés familiers. Cela veut parfois dire qu’il leur faut se tourner vers des start-ups! Celles-ci ne sont pas seulement présentes dans la presse et auprès des directions générales. Elles prennent une part croissante dans l’évolution des grandes (et des moins grandes) entreprises.

Dans des collaborations qui restent compliquées entre start-ups et grands groupes, les acheteurs peuvent apporter une contribution positive, pour les uns comme pour les
autres. Cette contribution peut/devrait pouvoir se faire à toutes les étapes de la collaboration.

Dans ce rapport de l’Observatoire de la Création de Valeur de l’EIPM, Hervé Legenvre et moi-même nous appuyons sur nos travaux et sur un atelier de travail menés avec une cinquantaine de managers et directeurs Achats pour proposer des voies pour que les Achats facilitent le succès des coopérations start-ups – grands groupes.

Il peut être téléchargé ici : Partnering with Start-ups.

 

L’Open Innovation, une question d’affinités

A l’occasion d’une conférence donnée à SciencesPo sur l’Open Innovation et la Propriété Intellectuelle avec Pierre Breesé, Sylvain Allano et Séverine Dusollier, j’ai eu l’occasion de présenter en quoi le plus important, à mon sens, dans l’Open Innovation n’était pas tant la PI mais plutôt la complémentarité des bases de savoirs et le business model de la coopération – montrant ainsi l’apport de la conceptualisation académique à la pratique de l’innovation collaborative. 

Le plus important dans l’Open Innovation n’est pas la PI mais la complémentarité des acteurs

En effet, pour pouvoir assimiler l’innovation qui vient d’ailleurs, il est nécessaire pour une entreprise de pouvoir se comprendre avec celle qui lui apporte cette innovation (ces savoirs nouveaux) autant au niveau technique qu’au niveau des interactions interpersonnelles. Il faut que ce savoir externe puisse être intégré correctement à ses activités de Recherche & Développement, puis à ses activités de Production (de biens comme de services).

Cette notion d’affinités entre partenaires d’Open Innovation est théoriquement abordée à travers la notion des alignements technologique, stratégique et relationnel du fournisseur avec le client (Emden, Calantone et Droge, 2006 ; Handfield et al., 1999). L’alignement technologique correspond à la capacité de l’apporteur de savoir externe à répondre aux problématiques de celui qui va le recevoir, à la complémentarité de leurs connaissances des marchés et de leurs ressources techniques, et à la proximité de leurs bases de savoir telle que nous l’expliquons dans notre post sur la question de la fidélité dans l’Open Innovation

L’alignement stratégique correspond à la congruence de leurs motivations, objectifs et visions stratégiques. Il repose également sur la position relative de chaque entreprise vis-à-vis de l’autre, de leur rapport de force – cela se traduit dans les outils de gestion des portefeuilles de fournisseurs et/ou de partenaires d’innovation.

Enfin, l’alignement relationnel correspond à la compatibilité de leur culture et à leur propension à s’adapter aux processus et changements de l’autre. Il correspond également à la capacité du client d’être attractif pour le fournisseur, ce qui suppose notamment d’être capable d’instaurer une relation de confiance.

Cela implique qu’il y ait tout d’abord un degré d’affinité minimum entre les 2 organisations engagées ensemble dans un projet d’Open Innovation. Cette complémentarité, en premier lieu technique, s’étend ensuite aux cultures et aux modes de fonctionnement respectifs. Normalement cette compatibilité a été vérifiée lors de la phase de sélection de l’innovation externe et du porteur de cette innovation.

Et, lors des négociations, se pose la question de la compatibilité des modèles économiques des entreprises qui coopèrent. Cette dernière question est malheureusement trop souvent abordées à cette phase de la relation d’Open Innovation alors qu’elle augure de la suite de l’innovation : l’exploitation des résultats de l’Open Innovation en « business ».

Collaborations start-ups – grands groupes : convergence d’intérêts et divergence de points de vue, quelles solutions pour réussir ?

Start-ups et grands groupes ont chacun besoin l’un de l’autre. De manière caricaturale,

« quand la start-up a des idées, le grand groupe a du pétrole ! »


Pour le grand groupe, aller vers les start-ups, c’est aller chercher des idées nouvelles, celles qui feront le business de demain. C’est aussi aller chercher l’agilité et la souplesse qu’il n’a plus.
De son côté, la start-up manque bien souvent de ressources financières et des références qui en feront une entreprise considérée comme fiable. En s’adossant à un grand groupe, la start-up va tout d’abord recueillir une première référence, ensuite, elle va pouvoir profiter d’une rentrée financière qui va lui permettre de financer son démarrage, voire parfois d’assurer un début de pérennité financière.
Une convergence d’intérêts donc, mais des points de vue divergents liés : à une vision différente de la maturité d’une innovation, de la gestion de la confidentialité ou de la propriété intellectuelle, à une méconnaissance des contraintes et des organisations respectives, à une différence de culture, à une perception différente de la valeur du temps…

A l’occasion d’une conférence-débat organisée par Montpellier Prospectives, j’ai eu l’occasion d’échanger sur la situation et les solutions aux difficultés à nouer des collaborations entre start-up et grands groupes, puis à les gérer.

[slideshare id=40760147&doc=confmontpellervf-141027052151-conversion-gate01]

Voici la présentation qui a servi de support à mon intervention pour ouvrir le débat avec :

  • Frédéric SALLES, Président de Matooma
  • Giovanni UNGARO, Directeur assistance à l’autonomie du groupe Legrand
  • Hervé TURCHI, Président d’Alci
  • Pierre AMOUROUX, Coordinateur des programmes scientifiques, Groupe Limagrain
  • Stéphane BONNASSIES, Directeur du Centre Technologique de Montpellier Schlumberger

et la salle, sous l’animation de François JEANNE, journaliste et animateur de L’Atelier.